26 janvier 2012

La Macédoine Antique

Un peu plat comme titre alors que "AU ROYAUME D'ALEXANDRE LE GRAND suivi en plus petit de la "Macédoine antique" ça claque ça fait tilt, une ambiguité voulue par les services du musée du Louvre pour attirer le chaland car dans cette exposition passionnante le roi Alexandre III brille quasiment par son absence. Un buste par ici, une statuette par là, quelques médailles et piécettes, c'est tout et pourtant le fantôme du plus grand des conquérants hante magnifiquement les lieux, autre ambiguité. 
Il nous accueille dès l'entrée rayonnant déjà sur cette mosaïque, puis on découvre deux pièces maitresses : la couronne de feuilles de chêne en or découverte en 2008 attribuée au fils d'Alexandre et le splendide sarcophage aux deux époux sur un lit funéraire. Nous entrons dans les domaines des morts.




Que serait notre connaissance des civilisations antiques sans leurs rites funéraires, que de trésors disparus si les tombes des macédoniens comme celles des égyptiens, ne déroulaient devant nos yeux émerveillés le film de la vie des défunts.
Plus de 400 objets du plus courant, passoire, calice, cruche , ornement  de lit  de banquet, nous dévoilent le raffinement de la vie macédonienne, on est bien loin de l'image de peuple rustre de bergers montagnards véhiculée par les écris grecs.



















Que dire des bijoux ? Ils fascinent par la splendeur et la raffinement des motifs. Colliers, boucles d'oreilles rivalisent de finesse, des merveilles arrivées jusqu'à nous dans un état de conservation parfois étonnant.





 L'histoire des conquêtes est sous-jacente, on observe ces cnémides épousant les formes de la jambe, des lances, des épées et ces masques où la feuille d'or protège le visage des officiers défunts. Stèle à la mémoire de Héphaistion le compagnon d'Alexandre mort à Babylone.



Alexandre enfin dans ce splendide buste exprimant si bien la jeunesse et la beauté de ce stratège. Buste découvert en Egypte et considéré comme  une des représentations les plus anciennes du souverain.


Et sur cette médaille datant de l'époque romaine.


Les trois heures passées à  s'immerger dans ce monde antique ont été fabuleuses, le catalogue commandé dès mon retour me permet avec ces quelques photos choisies parmi les pièces que j'ai aimées de transmettre ici mon admiration pour cette civilisation qui nous a légué  le sens du beau.

                                           
                 Eros et Psyché Nécropole de Pella                                         


Coupe-canthare verre IVe siècle a.v. J.C. Tombe macédonienne


Médaillon buste d'Athéna coiffée de la tête de Méduse
IIe siècle a.v J.C


Terre cuite : le danseur imberbe.
"Il ne repose que sur la pointe des pieds, les mains tiennent des sortes de castagnettes,
Il est vêtu d'une jupe qui emportée par le mouvement dessine des plis prônoncés.
Le visage légèrement tournée exprime l'extase"

23 janvier 2012

Saint Senderens

Ou le miracle de la place de la Madeleine.
Pourquoi le luxe devient-il  de plus en plus rare ? Je me souviens des premiers voyages à Paris de mon enfance, le trajet durait deux fois plus de temps mais il y avait le wagon restaurant, un moment magique. Comme pour une messe il était précédé de la clochette du maître d'hôtel parcourant le corridor des wagons annonçant le premier ou le deuxième service. Nous allions toujours au deuxième : on est moins bousculé disait mon père. Le wagon restaurant était en lui même un endroit féerique, lumières tamisées, bois marquetés, cuivres polis. La table conforme aux canons de la grande restauration, nappe blanche parfaitement amidonnée, verres en cristal, couverts en argenterie, serviette savamment pliée, avait ce côté magique de l'inattendu dans cet espace en mouvement, quant aux cuisines, entr'aperçues en gagnant sa place, par leur étroitesse et l'affairement qui y régnait, elles rejoignaient l'iconographie des récits de Jules Verne. Tout cela sentait le capitaine Nemo. Le chef devait faire des prodiges pour servir dans de telles conditions un repas digne des tables étoilées tout comme les  serveurs qui, chaloupant le long des tables,  s'acquittaient à merveille d'un service à l'anglaise  frôlant l'acrobatique.  Deux anciens cuisiniers de l'hôtel travaillaient  en tant que chef sur la ligne et mon père ne manquait pas de les saluer avant de passer à table s'ils étaient en cuisines, la qualité de la prestation était de ce fait doublement assurée ! Bien souvent ils venaient, le service terminé, à notre table et la conversation durait jusqu'à l'arrivée en gare d'Austerlitz .


Aujourd'hui une voiture -bar au décor de cantine vous propose, dans un équilibre des plus instable, quiches au micro-ondes ou sandwichs caoutchouteux, plus de café filtre servi dans une tasse en porcelaine mais boisson instantanée soluble dans un gobelet en carton, Nemo ayant pris sa retraite nous prenons la précaution d'emporter quelques sandwichs maison pour le voyage nous réservant la perspective d'un bon diner parisien..
Alain Senderens fait partie de ces chefs emblématiques de la génération des Bocuses et Guérard qui ont réveillé l'art culinaire français dans les années soixante. Il travaille à la Tour d'Argent puis fonde l'Archestrate en 1978 où il obtient trois étoiles michelin, faisant de ce restaurant un des plus réputés du monde. En 1985 il reprend Lucas Carton place de la Madeleine alors sur le déclin et redonne à cet établissement tout son lustre d'antan. 
Une longue histoire, créé par Robert Lucas en 1732 sous le nom de Taverne Anglaise, décoré à la fin du XIXe siècle par Majorelle, il est repris en 1925 par Francis Carton et devient un des hauts lieux de la gastronomie française. Outre la salle principale qui conserve toujours son décor art nouveau, il dispose d'une série de salons privés à l'entresol qui furent un temps le siège du Club des Cents,  véritable  franc-maçonnerie de la fourchette fondée en 1912.  
Depuis peu Alain Senderens a transformé les salons de l'étage   en bar  sous le vocable LE PASSAGE il vous accueille tous les jours avec aux diners une formule "carte blanche"... notre découverte du dimanche soir.
L'entrée est située dans le passage couvert un peu glauque qui jouxte le restaurant,  on sonne à la porte vitrée, on grimpe un escalier de bois pour déboucher sur une suite de petites salles au décor années 70 aux tons dorés. Tables blanches sans nappage, couverts inox, serviette papier. Le maître d'hôtel vient s'enquérir de vos allergies et de vos goûts et la fête commence.
En guise d'amuse bouche une bisque de homard et son blanc manger de lieu.
Puis ce sera un plat étonnant : des pâtes de coquille Saint-Jacques, une texture étonnante, une sauce superbe.
On poursuit avec un effiloché d'aiguillettes de pigeon servi avec un jus très concentré et des mini gnocchis. 
Vient alors la pièce maitresse une tranche de cochon de lait farcie accompagnée  d' un sublimissime risotto au basilic d'une onctuosité incommensurable.
Un dessert plus classique galette oblige clôturait ce festin de Balthazar. 
Et le miracle dans tout cela? il est dans le prix de cette prestation facturée, tenez vous bien, la somme de trente six euros par personne,   incroyable dans un tel quartier dans une telle ville et pour une telle qualité.

Un peu tardivement j'ai pensé que le téléphone pouvait immortaliser le risotto.




22 janvier 2012

Alors et l'Angélico tu n'en parles pas ?


Si bien sur mais par où commencer ?
Et bien par le début ! as tu fait un bon voyage  ?
Un voyage sans histoire, j'aime le train, on se laisse aller, on peut fermer les yeux, écouter,  c'est très musical un train qui roule, on est sur une portée à deux lignes avec quelques aiguillages en guise de notes! Il y a dans le train une impression étonnante d'immobilité et de vitesse, j'aime voyager dans le sens inverse de la marche on peut voir passer le futur !  
Tu t'égares mon cher !
Oui, j'arrive à l'exposition, j'avoue, non pas de la déception mais une impression de n'avoir pas su apprécier, un peu comme on croise un ami sans prendre le temps de l'écouter... l'écoute, elle est autant visuelle qu'auditive et pour les deux j'avais quelques difficultés .
A vrai dire je ne vois pas...
Et bien moi non plus ! je pensais que cette nocturne un dimanche serait le moment idéal, en fait un monde fou envahissait les salles, arrivés trop tôt il fallut patienter  devant une tasse de thé et une triste tarte aux myrtilles avant d'être autorisés à pénétrer dans les lieux. Les salles sont dans la pénombre, on retrouve le bel escalier et Tiepolo... 
Un peu fané non ?
J'ai trouvé aussi, enfin on arrive aux salles et là encore on fait la queue ! mais ce n'est pas grave j'en profite pour  allumer  l'Iphone chargé de commenter la visite.
Dis donc à ton âge tu sais utiliser un tel gadget ?
Presque car j'ai oublié les écouteurs  dans la valise, impossible de ressortir louer un audio-guide, on visitera à l'aveugle !!!
Et je présume que la foule ne permet pas facilement la lecture des cartouches !
On y arrive  il faut bien mais l'humeur est chagrine comme Ma Dame qui m'accompagne...
Quelques photos peut-être ?
Même pas elles sont interdites...
Tu sais braver les interdits du moins dans les musées.
A condition de se cacher dans une embrasure de porte ici c'est impossible trop de monde, un lent cheminement de tableau en tableau, il faut suivre...
Cela n'a pas de sens !
Détrompe toi impossible de faire demi tour c'est la collision assurée.
Je devine comment vous avez fin  la soirée, tous les deux au lit, chacun un écouteur à l'oreille, penchés sur l'iphone à regarder tranquillement les tableaux.
Oui et en plus tu peux zoomer !!!! 
Et alors qu'as tu vu en zoomant ?
La lumière, la fraicheur, les bleus de Fra Angélico la délicatesse de ses visages , la découverte de Zanobi Strozzi et de Baldovinetti que j'ai retrouvé le lendemain au Louvre, mon admiration pour Lippi la technique et la modernité de certains fonds d'or. 
A propos de technique elle en parle beaucoup mieux que toi. 
Je sais, après de tels billets je n'ose plus traiter le sujet. Lui aussi nous livre un récit captivant.
Alors pour conclure ?
Comme dit la chanson : Non rien de rien je ne regrette rien !!!

Les photos sont glanées sur le net.






La galette 2012

Les rois sont venus et repartis me direz vous, et bien non ici ils arrivent juste ce dimanche... j'ai donc fait la galette. Encore une fois elle n'est pas très ronde, un peu bedonnante avec un petit air de bocca del leone vénitienne qui dénonce notre gourmandise mais au moins je sais qu'il n'y a rien de chimique : Farine, beurre, sucre, oeufs de la ferme, levure du  boulanger du village, rhum, liqueur de cédrat, et zestes des citrons du jardin. Elle sort du four et sera encore légèrement tiède lorsque nous la dégusterons... une seule question en restera-t-il ?