Il faut parcourir maintes salles, croiser des foules de Madones, des Saints en saintes conversations, des chevaliers en armure, un diable sortant de sa boîte avant de trouver la salle. Il faudra traverser une forêt de marbres, statues et gisants, avant de découvrir l'écrin qui l'isole de ce monde de l'achevé car elle est d'une autre nature, marbre à l'état de sable, flocons de neige sur fond de crépuscule, faible croissant de lune sous dans un ciel sans étoiles, elle est l'inachèvement, l'image de l'impuissance, de l'épuisement de la création.
Lui, un scénographe un rien sadique a placé sa tête tourmentée sur une maigre étagère, sculpteur sans corps, sans bras, réduit à contempler l'oeuvre qu'il n'a pas, n'a pu achever.
Nous sommes en ces premiers jours de février 1564, l'hiver est rude même à Rome, il est vieux, il est seul, il a vu partir ses amis, son fidèle serviteur Urbino, il souffre de la terrible maladie qu'est la vieillesse, le corps devient rebelle à la pensée refusant l'action. Pourtant cette nuit encore il coiffe son étrange chapeau de carton munie d'une bougie et se campe devant ce couple mère et fils, lui gisant glissant vers le tombeau elle le soudant à son corps comme dans un ultime refus de l'inéluctable. Cette oeuvre ornera son tombeau puisqu'il a brisé la précédente par dépit, de rage de ne plus pouvoir, de ne plus savoir.
Il hésite, il ne sait plus, il ne peut plus, il est loin le temps ou il faisait bondir des corps captifs triomphant du marbre, il travaille un peu ce torse sans muscles, cette tête qui lui ressemble puis abandonne. Elle restera ainsi étrangement émouvante.
Le doigt divin de la Sixtine pince la flamme de la vie, s'élève une volute de fumée : Pièta dernière oeuvre de Michel-Ange.
Cet "Allegri Miserere" est magnifique, de plus dans la Santa Maria Maggiore ! je me souviens que nous étions logés juste en face au Mecenate Palace Hotel: un panorama superbe sur la basilique :)) Ah Rome ! quels souvenirs de visites ! merci pour cet éclairage sur l'ultime oeuvre Michel-Ange !
RépondreSupprimerles Tallis ont donné un superbe concert à Bordeaux à l'ouverture du nouvel auditorium c'est à ce moment là que j'ai découvert ce Miserere sublime.
Supprimermerci de votre passage.
Toute la souffrance d'une mère qui ne peut supporter ce poids trop lourd pour elle et qui tombe, entraînée par le poids de sa peine !! 450 ans donc !!
RépondreSupprimerMichel-Annge est décédé le 18 février 1564 à 89 ans. A cette époque c'était plus qu'un exploit !!! Daniele de Volterra prétend l'avoir vu y travailler le 12 février. Vasari écrit en 1560 "Je dois dire que la constitution de Michel-Ange était très saine car il était mince et musclé ... il pouvait toujours endurer la fatigue et ne souffrait d'aucune infirmité si ce n'est de dysurie et de gravelle..." Pourtant en décembre 1563 il écrit à son neveu Lionardo "Je ne peux me servir de ma main désormais je demanderai à d'autres d'écrire et je signerai".
SupprimerUn critique d'art a écrit à propos de cette ébauche : "Cette épave gothique est pathétique à en mourir" personnellement elle m'a énormément ému.
oui 450 ans mais si intemporel.
Bonne semaine.