21 octobre 2010

La nuit la plus longue




Une carte postale du hall et du salon de l'hôtel pris de la réception visible sur la photo du bas  
avec mes parents derrière le comptoir, devant, Léonce et Hector qui figuraient sur la photo du personnel prise en 1938 commentée il y a quelques jours. A part le standard téléphonique et le calendrier BNCI  tout était identique en aout 1944.
La Dordogne, dès le début de la guerre, a été un haut lieu de résistance, c'est à quelques kilomètres de Bergerac que le premier poste émetteur entre en action dès l'été 1940. De nombreux réseaux vont quadriller  la région harcelant l'occupant. En cet été 44 les signes du repli  de l'armée allemande vers la normandie se précise. Les officiers qui occupent l'hôtel évoquent sans se méfier la situation, ils ne se doutent pas que mon  oncle parle couramment et comprend leur langue. Il apprend donc que le départ est pour bientôt. Mes parents évoquaient rarement cette époque, une histoire par-ci par-là comme par exemple les descentes à la cave de nuit, il y avait une bouilloire,   ma mère et mon oncle décachetaient à la vapeur les enveloppes envoyées de la région et destinées aux officiers, s'était souvent des dénonciations comme la chaudière était à côté elles disparaissaient sans laisser de traces. Dommage de n'avoir pas posé plus de  questions.
Le départ de l'armée est fixée au 21 aout, depuis des semaines les représailles s'intensifient, pas un jour sans fusillades, sans destructions, le village de Mouleydier est réduit en flammes, que vont-ils faire ? bruler l'hôtel peut-être...
Le soir ma grand-mère part chez sa soeur, ma mère et moi chez mes grands-parents Guichard, mon oncle et mon père restent à l'hôtel, un couchera dans le comptoir du bar et l'autre derrière le piano, que la nuit a du être longue. Chez mes grands parents, nous nous sommes installés tous les quatre dans la grande chambre à deux lits donnant sur la rue, pas question de  se séparer, dans la nuit, nous sommes réveillés par une rafale de mitraillette,  le mur de la maison en porte encore la trace et moi le souvenir !
On ne voit pas bien sur la photo, il y a  un  bronze sur le piano, un homme à moitié nu sur un rocher, avec si je me souviens bien des ailes, sur le socle de marbre une petite plaque en laiton "LA LIBERTE BRISANT SES CHAINES.
L'armée allemande n'a mis le feu qu'à  la caserne. La Dordogne à fait partie des départements métropolitains qui se sont libérés eux-mêmes des nazie.  

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