7 décembre 2013

En sentinelle à l'entrepôt lainé.

Quel bordelais ne saurait vous indiquer les entrepôts Lainé, par contre si vous évoquez le  CAPC (centre d'art plastique contemporain)  la chose est moins évidante,  pourtant le premier n'est que le contenant du dernier qui, pour son quarantième anniversaire, présente une exposition d' oeuvres  de ses collections.


Entrez donc, mais mon "oeil"sera peut-être parfois un peu malicieux... contrebalancé par les commentaires du catalogue bien précieux pour la compréhension des oeuvres. En matière d'art contemporain, je me pose souvent la question affichée sur l'un des murs de l'exposition...



Jean-Pierre RAYNAUD : La Maison.
"Sculture monumentale construite en 1968 la Maison était un environnement angoissant entièrement recouvert de carreaux de faïence blanche. Jean-Pierre Raynaud a néanmoins choisi d'y vivre jusqu'à ce qu'il ordonne en 1993 sa destruction. Parmi les mille containers chirurgicaux en acier inoxydable rassemblant les restes de ce lieu exposés en 1993 dans la nef du musée, subsiste une centaine de reliques dans les collections du CAPC"



Didier MARCEL : "Afin d'articicialiser le monde du vivant, l'artiste réalise des sculptures qui pervertissent l'élément naturel par un choix de matériaux susceptibles d'illustrer cette ambivalence entre l'environnement de l'homme et l'univers industriel dans lequel il évolue.
Ce cervidé stylisé et synthétique, réalisé à partir de tiges de fer pour béton armé se fond ainsi par sa discrète transparence dans son nouveau biotope qu'est celui du musée".



Valerio ADAMI : "Maître de la figuration narrative, il adopte un style pictural immanquablement reconnaissable... sans ombre ni profondeur, cette peinture démontre, par son gout prononcé pour les cadrages audacieux, l'influence qu'a eu la photographie sur le travail de l'artiste"



Mario MERZ : "plus petit fragment de l'ensemble CHE FARE? ce triangle conçu à partir de matériaux récupérés d'une autre oeuvre épouse généralement l'angle d'une pièce... Désincarcéré de son angle et rendu autonome par le commissaire de l'exposition, cette structure évoque l'instabilité, l'inachèvement, l'éphémère de notre condition humaine, chaque élément la constituant n'étant pas fixe mais soumis à la précarité d'un équilibre tout relatif".


Hubert DUPRAT : "Par le biais du détournement, il recompose ici un élément extrait de la nature, un bloc minéral de grès rose qu'il brise pour le reconstituer. La quinzaine de morceaux obtenue est ré-agencée puis recollée et le nouveau volume résultant de cette démarche opère ainsi un glissement subtil entre le naturel et l'artificiel".



GILBERT & GEORGE : "Ces porteurs maudits évoquent le sida et les ravages que ce virus a d'abord provoqué dans la communauté homosexuelle. Non sans références religieuses certaines -composition en vitrail, allusions à la déposition du Christ et à la mise au tombeau - cette oeuvre photographique est aussi un hymne à l'amour et à la solidarité."



Jannis KOUNELLIS : Il pose un acte artistique  à même le sol : un amas d'anthracite.... hommage à la révolution industrielle. Cette sculpture met en jeu des tentions entre l'ancestral, le  fossile, le géologique et le progrès humain, la technologie et la modernité.




Pascal CONVERT : ...ces deux parallélépipèdes évoquent un couple de gisants, métaphore visuelle d'une thématique récurrente de la tradition occidentale : Eros et Thanatos, amour et mort si intimement liés.

Sherrie LEVINE : Large table and crystal new born 1994


Kader ATTIA : "L'home crée des choses mais c'est le vide qui leur donne sens" Lao Tseu


Une belle appropriation de ce cadre sans oeuvre par ces adolescents .  Un hymne à la jeunesse et au bonheur de l'amitié. Est-ce de l'art participatif... pourquoi pas !



J'aime ces entrepôts, la rigueur quasi monacale des lieux, la force que dégagent ces voutes, l'ampleur des espaces, permettent d'y concevoir et parfois d'y accepter les audaces et les frasques de l'art contemporain.



Quant à l'art contemporain, il est évident qu'il ne peut être envisagé qu'avec l'aide d'un confortable mode d'emploi si l'on veut allez plus loin que le choc esthétique de quelques oeuvres souvent tributaire du lieu qui les accueille. A l'évidence il va à l'encontre du souhait de vulgarisation prôné par nos élites bien qu'il s'affiche souvent temporairement sur nos places publiques. Il ne peut pas entrer dans nos chaumières et faire parti de notre quotidien, le temps des chromos et révolu bien qu'à quelques pas de là, un autre musée vous parle de la  Maison Goupil si bien évoquée ici par cette amie blogueuse.


P.S. Dans un coin plus intime du musée s'écrivent des messages de réconfort après ces heures de visite ainsi que quelques considérations philosophiques que je ne résiste pas à publier...