26 octobre 2010

Hommage

Le village est triste, Mario est décédé hier de ce qu'on appelle une longue maladie, bien courte pour lui puisque il fut opéré il y a presque un an le même jour que moi. Mario était le boulanger du village, un vrai boulanger, pas de ceux qui reçoivent le pain tout prêt à mettre au four, non, celui qui se lève la nuit, fait son levain, pétrit son pain, celui qu'on imagine pas sans son tablier blanc sans cette odeur de pain frais promesse de ces repas conviviaux, de ces fêtes de famille de ce partage autour de la table. En pensant à lui ce matin je revois mon grand-père, coupant le pain après avoir tracé une croix sur la croute, image du patriarche qu'ils étaient tous deux.  
Avec sa stature de colosse, son rire, sa joie de vivre Mario était la vie. Il y avait du Pagnol et du Raimu en lui. Sa retraite ne se concevait que dans l'amitié partagée à la chasse ou autour de la table. Je l'ai connu il n'y a que quelques années puisque nous faisions partie de la même confrérie, bachique bien sur, comment  pourrait-il en être autrement en ce pays de vignes.
Nos rencontres n'étaient qu'épisodiques mais il en faut peu pour reconnaitre un homme de coeur. Jeudi l'église sera pleine, tout le village sera là car Mario n'y comptait  que des amis, et, s'il y a quelqu'un la haut, ce que j'espère sinon à quoi sert la vie, Il l'accueillera avec un grand éclat de rire en lui disant dis donc Mario, tu en as raconté des histoires sur moi, des salées parfois, qu'est-ce que tu m'as fait rire, alors entre et dis moi la dernière...
Adieu l'ami.


1 commentaire:

  1. Robert votre billet est très émouvant.
    Mario devait être de ceux pour qui le pain "posé sur le dos" était énervant.
    Il aurait certainement dit"tu le gagnes couché sur le dos toi?"
    Mon grand père aussi traçait une croix sur le pain
    Je penserai à vous et Mario jeudi

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