Le petit village périgourdin de Paunat offre tous les ans sous l'égide de l'association MUSIQUE EN SOL un mini festival de trois soirées musicales. Cette année Alexandre Tharaud, le quatuor de la scala de Milan et Roger Muraro étaient au programme. Les festivals se percutant en cette période estivale nous n'étions malheureusement pas libres la première soirée mais celle d'hier soir fut à tous égards fantastique Roger Muraro nous gratifiant d'un superbe programme Liszt : Années de pélerinage Chapelle de Guillaume Tel, au bord de la source, Claude Debussy Images, Reflets dans l'eau, Hommage à Rameau. Puis en deuxième partie la transcription pour piano de la symphonie fantastique. Une soirée éblouissante qui nous  console de l'aberrant concert Michel Legrand Natalie Dessay !
La                  Symphonie fantastique (arrangement de Franz Liszt) : un art de                  la transmutation pianistique.
En des temps où n'existaient ni la radio ni le disque,                  les transcriptions et les arrangements permettaient d'accéder                  à une diffusion musicale de partitions méconnues.                  La transcription de la Symphonie fantastique réalisée                  en 1834 par Liszt à partir d'une révision effectuée                  par Berlioz en 1832 fit connaître cette œuvre révolutionnaire                  à travers l'Europe. Ce n'est qu'en 1845 que Berlioz disposa                  enfin des fonds nécessaires pour faire graver la partition                  d'orchestre de sa symphonie qui fut éditée précédemment                  aux frais de Liszt dans sa version pour piano sous le titre :                  " Episode de la vie d'un artiste. Grande Symphonie fantastique,                  Partition de piano ". Le quatrième mouvement (Marche                  au supplice) sera l'objet d'une nouvelle transcription en 1864-1865.                  Liszt note sur la partition autographe Marche du supplice et non                  au supplice. S'agit-il d'une faute d'impression ou d'une volonté                  délibérée du transcripteur au demeurant parfait                  francophone ? Dans ses récitals, Liszt exécuta d'abord                  cette page spectaculaire judicieusement jumelée avec la                  Symphonie " pastorale " de Beethoven arrangée                  également pour piano. Si " charité bien ordonnée                  commence par soi-même ", malgré les difficultés                  d'une partie pianistique qu'il était le seul à pouvoir                  exécuter, le compositeur hongrois ne fait pas moins bénéficier                  ses contemporains de son travail de réduction de la partition.  Liszt procède à une réinterprétation                  dans son arrangement pour piano pourtant assez proche de la version                  originale. Le traitement en noir et blanc, donc plus monochrome                  qu'à l'orchestre, pourrait se révéler étique,                  mais Liszt, en véritable sorcier des sons multiplie les                  difficultés, les successions de glissandi en tierces et                  en sixtes, les écarts de dixièmes que ses grandes                  mains peuvent exécuter. Les trémolandos et autres                  artifices sont destinés à mieux dégager la                  substantifique moelle du riche matériau symphonique. Il                  recourt à des traitements typiquement pianistiques très                  différents de la texture originelle afin de rendre le moindre                  détail de l'orchestration (renforcement des basses, écartement                  des sixtes pour les harpes d'Un bal). La question se pose parfois                  du transfert au piano du son de l'orchestre là où                  la transcription sonne mal et rend partiellement compte de la                  dimension de la symphonie ; pourtant, chez Liszt, l'imagination                  est toujours présente ainsi que le contrôle extraordinaire                  du clavier. " Il n'écrit jamais pour deux mains mais                  pour dix doigts " (Daniel Barenboïm). Cette propension                  à se projeter au-delà de l'instrument, à                  servir l'architecture par une construction de la pensée                  est digne d'un organisateur hors pair. Dans la Symphonie fantastique                  comme dans les autres arrangements (en particulier des neuf Symphonies                  de Beethoven), il s'adonne à une véritable alchimie,                  transformant le plomb en or. " Il s'agit d'une transsubstantiation                  miraculeuse, changeant l'hydromel orchestral en pain et vin pianistiques                  pour déchaîner orages et sabbats, spleen bucolique                  et griserie citadine. " (Gilles Macassar). 
                 Texte de Michel Le Naour
 
 
Ah! mais vous excitez notre curiosité, c'est quoi l'aberrant concert avec Natalie Dessay???
RépondreSupprimerOh Robert comme j'imagine bien cela.
RépondreSupprimerJ'ai eu l'immense bonheur il y a deux ans d'entendre Roger Muraro aux serres d'Auteuil il interprétait entre autres justement Images (Premier Livre 1905)
Reflets dans l'eau,Hommage à Rameau.
Cela avait l'objet d'un enregistrement.
Tu peux te le procurer sur ce lien.
http://www.livemusiccompany.com/index.php?page=shop.product_details&product_id=65&flypage=flypage.tpl&pop=0&option=com_virtuemart&Itemid=1&lang=fr
Pour ma part demain l'Octuor de France au parc de Bagatelle
Pour fêter Liszt nous avons écouté Chamayou, ce fut un très beau concert aussi !
RépondreSupprimerLa vidéo avec Roger Muraro est intéressante et donne clairement la tonalité de cette transcription !
Un beau programme aussi !
Quel beau programme, je n'ai jamais entendu Roger Murano en direct mais c'est un grand. Listz j'avoue que parfois il m'ennuie mais dans les années de pélerinage, jamais !! C'est super dis-moi ce mini-festival de trois concerts de qualité.
RépondreSupprimerTon encart sur la transcription de la symphonie fantastique est passionnant. " Il n'écrit jamais pour deux mains mais pour dix doigts " j'aime bien !!
Je vois qu'Enitram a enftendu Chamayou, qui, lui aussi, "donne" bien dans Liszt. Je vais la visiter dès que j'ai écouté tous tes morceaux...
J'aime bien la façon discrète mais efficace dont tu expédies, avec franchise mais sans t'attarder, pas la peine d'être méchant n'est-ce pas, le concert Dessay... vous avez donc été déçus !!
J'espère que tu avais vu ce reportage avant, cela rend l'audition toujours plus intéressante quand on connait un peu plus.
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